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SE BATTRE JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE POUR LA LIBERATION DU KONGO
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2 février 2010

Les réseaux mafieux externes ne datent pas d’aujourd'hui

MISE EN LIGNE LE 30 JANVIER 2010 | LE SOFT INTERNATIONAL N°1025 DATÉ DU 25 JANVIER 2010.


Dans la ville de Dakar, un quartier chic, l’équivalent de Binza MaCampagne de Kinshasa, porte le nom tout trouvé de «Congo Zoba». Il est sorti du sol avec le fruit de l’exploitation illicite des matières minérales r-dcongolaises par les «Ndingari» (Sénégalais). Pendant des années, la fraude, la contrebande et la corruption constituent les maux qui gangrènent l’économie r-dcongolaise.


La saisie à l'aéroport de N’Djili en décembre 2009 d’un colis de diamants de 40.000 carats estimé à 45 millions de dollars sur un sujet indien, relance le débat sur les causes de l’impossible décollage économique de la R-dC, un pays fabuleusement riche. L’Indien a écopé d’une peine de servitude pénale de 6 mois, assortie d’une amende de 10.000 dollars et de la saisie de son trésor au profit du Trésor public. Si la justice a fait son devoir, aucune récompense n’a été annoncée pour gratifier la personne - une dame, agent de la DGM - qui a bloqué les précieux diamants.

«CONGO ZOBA!».

La fraude douanière et la contrebande des matières précieuses sont monnaie courante. Avant les mesures de libéralisation minière de 1983 qui autorisaient l’exploitation artisanale, les personnes attrapées en flagrant délit étaient punies de longues années de SPP. Parfois des rafles, des chasses aux sorcières et des expulsions massives étaient organisées contre les expatriés sur qui pesaient de fortes présomptions de contrebande notamment nos frères ouest-africains. Mais tenaces et surtout attirés par l’aimant irrésistible des minerais, ils revenaient aussitôt chassés, grâce à la complicité de nos services d’immigration. Il fut même décidé d’interdire à ceux que la terminologie officielle naguère désignait par «trafiquants des matières précieuses» de séjourner dans les zones minières.

Aux Ouest-Africains se joignent souvent des citoyens d’autres nations d’Asie et d’Europe. C’est certain qu’ au moment où la R-dC nage dans une marée de dette, les contrebandiers de nos matières précieuses ont fait bénéficier à leurs économies nationales des rentes minières substantielles. Comme ce quartier chic et huppé de Dakar, l’équivalent de Binza de Kinshasa, qui a été baptisé «Congo zoba», fruit de l’exploitation illicite des matières minérales r-dcongolaises par les «Ndingari» (Sénégalais).

Parmi les zones sur lesquelles s’exerce l’eldorado des contrebandiers, on peut citer Bakwanga, Tshikapa, le Kivu, le Katanga, le Bandundu et la province Orientale.

C’est pratiquement tout le territoire national. L’ingénieur belge, membre de l’expédition qui a ouvert le Katanga à la colonisation belge, ne s’est pas trompé de dire que «le Congo est un scandale géologique».

Il n’aurait vu, à cette étape, que la partie visible de l’iceberg. Car, comme l’a révélé la télédétection effectuée par des satellites américains dans les années 1980, c’est tout le territoire national qui recèle des richesses minières. Au point que certaines villes pourraient voir leur avenir menacé par des gigantesques projets miniers et pétroliers comme ce lycée des religieuses de Lubumbashi, situé sur la route de Likasi, sommé de déguerpir pour laisser place aux galeries cuprifères.

Comme la plus belle fille du monde, la R-dC est victime de ses richesses, faisant l’objet de toutes les convoitises et d’arnaques politico-financiè res, à l’instar des fameuses «guerres de libération» qui l’ensanglantent depuis plus d’une décennie. 18 mille tonnes d’or de contrebande. La fraude et la contrebande des matières précieuses battent des records chaque année tel que le révèle l’évolution négative de leurs valeurs d’exportations.

C’est surtout en 1992 que l’ampleur du phénomène a pu être mesurée pour la première fois grâce à l’intervention de la Banque centrale du Congo dans l’arène minière à travers ses 12 assistants mandataires dont Orgaman, Lusakivana, Sediza, Scibe-Zaïre.

En effet, cette année là, la Direction des matières précieuses de la BCC a publié son expérience des deux dernières années (1990-1991) («Le Soft», n°104, daté du 29 octobre 1992). Il ressort de ce rapport que la fraude de l’or artisanal du Zaïre-Congo atteignait des sommets astronomiques de 12 tonnes contre 6 tonnes exportées officiellement.

LA DISPARITION DE L'OR.

Que dire, aujourd’hui, lorsque le volume des exportations de l’or artisanal et de Kilo-Moto, publié par la BCC ne dépasse pas 150 Kg comme en 2008?

En d’autres termes, toutes choses restant égales par ailleurs, cela fait une contrebande minière qui porte sur 18 tonnes d’or, soit 562.500 onces. Rapporté au cours actuel de 1000 dollars l’once, cela donne un chiffre astronomique, digne des cavernes d’Ali Baba de plus d’un demi-milliard de dollars volatilisés chaque année.

La quasi-disparition de l’or de notre balance commerciale profite aux chefs de guerre ainsi qu’à leurs commanditaires qui ensanglantent les Kivu, provinces qui fournissaient 46% de la production totale, à l’époque de l’établissement de ces statistiques. La BCC n’avait pas donné les statistiques concernant la fraude qui frappait le secteur du diamant artisanal étant donné que ses mandataires n’étaient pas autorisés à l’acheter.

Cependant, contrairement à l’or, les achats de cette catégorie de diamant enregistrent depuis 2002, une tendance à la hausse, en passant de 16 à 27 millions de carats entre 2002 et 2007, contre une moyenne annuelle de 10 millions dans les années 1990. Cette hausse pourrait être imputée à des nouvelles niches découvertes à la fin de la décennie 1990 dans la province Orientale.

Ce qui n’exclut pas la contrebande telle que celle de l’Indien dont question ou encore de cet expatrié en provenance de la R-dC sur qui les douaniers belges ont trouvé un gros diamant à l’aéroport de Zaventem, l’année dernière.

C’est dans ce même sens que la lecture des rapports annuels de la BCC révèle que depuis 1988 certains produits miniers jadis exportés par notre pays ont disparu des statistiques officielles. C’est notamment le cas du wolfranite, 20 tonnes en 1988, de la monazite, 175 tonnes en 1989 et du coltan, 57 tonnes en 1991.

Au Katanga, pays du cuivre par excellence, c’est la contrebande du cuivre exporté sous la fausse dénomination de mitraille qui a ponctué la décennie 1990. Au cours des années 1980, c’était le cobalt qui alimentait le trafic. Il suffisait d’obtenir une note d’un des fils du dictateur pour opérer en narguant même les douaniers. Des hommes d’affaires ou des spéculateurs venus du monde entier négociaient, urbi et orbi, le cobalt auprès d’intermédiaires locaux dont le plus célèbre, le défunt Mananasi, patron des Ets Manaco Trading, avait son bureau sur l’avenue Tshombe, la principale artère de la ville.

Au vu et au su de tout le monde, le cobalt quittait l’aéroport de la Luano. Manaco Trading n’était que la face visible de l’iceberg des cadres de la Gécamines, des services de sécurité et des FAZ, sans oublier les commissaires de Région. Fraude et contrebande, mais également la corruption qui les façonne, constituent les fléaux qui font que depuis l’indépendance le décollage économique de la R-dC est impossible. Comment peut-on développer un pays qui pèse 5 fois la France et 80 fois la Belgique avec un maigre budget de 5 milliards de dollars.

Et pourtant comme nous venons de le voir, c’est le fonds qui manque le moins. Si le gouvernement avait la maîtrise des rouages douaniers et de contrôle, mais surtout la volonté de prendre par les cornes le taureau de la fraude et de la contrebande, ce pays peut lever davantage des ressources et surprendre le monde entier.

C’est pourquoi, au moment où le pays de Patrice Lumumba s’apprête à commémorer le cinquantenaire de son indépendance, il est temps que les R-dCongolais comme un seul homme, dans un sursaut de nationalisme, comme en 1959-1960, se réveillent, à l’instar de cette citoyenne qui a bloqué la tentative de fuite de capitaux à laquelle se livrait l’Indien. Cela signifie également la fin des détournements, de la corruption et de l’inconscience souvent entendus à travers des phrases du genre: «Yo moto okobongisa mboka oyo?» (Est-ce vous qui allez redresser la situation de ce pays?)

Service d'infos

Lisanga ya Bakolo Kongo

BLANCHARD KOTA

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