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SE BATTRE JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE POUR LA LIBERATION DU KONGO
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7 juillet 2010

RDC-Rwanda/« Prochorientaliser » le Kivu : danger

La communauté internationale s’apprête à pérenniser la guerre au Kivu. Plutôt que de tirer les leçons de l’erreur coloniale, cause principale des affrontements interethniques au Kivu, d’amener les populations frontalières, principalement celles du Rwanda et de la République démocratique du Congo à se parler, à trouver elles-mêmes des solutions à leurs problèmes, elle les incite à susciter le déplacement de certaines d’entr’elles, à « implanter de nouvelles colonies ». Exactement comme au Proche-Orient. La suite est connue de tous : des guerres de cent ans. Aujourd’hui, à l’Est de la RDC, le retour des « réfugiés » est problématique. En toile de fond : le conflit foncier.

Selon l’Agence IRIN, des dizaines de milliers de réfugiés tutsi congolais qui vivent au Rwanda depuis plus de 10 ans se préparent à retourner dans la province du Nord-Kivu. Cependant, des tensions anciennes et non résolues liées à la terre risquent de compliquer leur retour.

En effet, plus de 53 000 réfugiés enregistrés se sont installés de l’autre côté de la frontière depuis l’éviction du président Mobutu Sese Seko par des rebelles soutenus par le Rwanda et l’Ouganda en 1997 dans une atmosphère de chaos. « Les problèmes liés à la terre vont constituer l’un des principaux obstacles au retour des réfugiés », a dit Masti Notz, chef du bureau du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Nord-Kivu. La province compte près de 800 000 personnes déplacées internes.

Les conflits liés à la terre sont les principales causes de la violence qui ravage les provinces du Kivu. Une situation qui date depuis la colonisation et a pris de l’ampleur avec le « phénomène banyamulenge ». La surpopulation, le manque de terres accessibles et immenses réserves minérales du sous-sol ont contribué à créer une atmosphère délétère qui a souvent conduit à des conflits.

Pour résoudre ce problème, un nouveau concept a vu le jour : critère sociologique. D’où la proposition de créer deux provinces : le Grand Nord-Kivu et le Grand Sud-Kivu.

UNE PAIX FRAGILE

En janvier 2009, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un groupe de rebelles tutsi, a accepté que ses combattants intègrent l’armée nationale et signé un accord de paix formel deux mois plus tard.

Le retour des personnes réfugiées au Rwanda et leur sécurité en République démocratique du Congo constituait l’une des principales demandes du groupe rebelle converti en parti politique. Cependant, le retour en grand nombre de réfugiés, dont certains ne parlent aucune langue congolaise, voire le français, a commencé à poser problème. D’autres réfugiés ont difficile à préciser le milieu d’origine pendant que le HCR les installe. D’où les premières frustrations qui déboucheront incontestablement sur un conflit foncier avec toutes les conséquences que l’ on peut imaginer. Tant la terre est sacrée pour les Congolais.

L’Accord tripartite signé en février par le HCR, le Rwanda et la RDC a permis d’enclencher le processus qui aboutira au retour des réfugiés. Mais certaines personnes, comme Antoinette Mukamu, citée par IRIN, et qui a fui vers le Rwanda en 1996, n’ont pas attendu les rapatriements organisés pour rentrer.

« Nous croyions que la paix était revenue », a dit Mme Mukamu, dont le village se trouve à cheval sur les territoires de Walikale et de Masisi au Nord-Kivu. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime qu’environ 80 pour cent des réfugiés sont originaires du Nord-Kivu, où des combats au sein même des groupes rebelles, et entre les groupes rebelles et le gouvernement font rage depuis longtemps.

La région est encore loin de connaître la paix : les combats se poursuivent entre l’armée et les Forces démocratiques de libération du Rwanda. Ce climat d’insécurité, ainsi que les rumeurs selon lesquelles les réfugiés seraient accueillis avec hostilité par leurs anciens voisins décidés à conserver les terres abandonnées par les personnes ayant fui la RDC, inquiètent Mme Mukamu. Celle-ci vit actuellement dans le camp de Kahe qui accueille les déplacés internes à Kitchanga, ville située dans le district de Masisi au Nord-Kivu. « Ma famille possède un terrain dans notre village, mais je ne sais pas ce qu’il en est advenu », a ajouté Mme Mukamu.

SECOND PROCHE ORIENT : DANGER

Dieudonné Kanyamugengu, qui vient du district de Rutshuru, est revenu du Rwanda avec son frère et ses vaches pour trouver «de la nourriture et la paix ». Il est rentré dans son village, mais est retourné au camp de Kahe après un affrontement avec ses voisins hutus au sujet des terres. « Je ne suis pas en sécurité là-bas », a-t-il dit.

Jules Mbokani, coordinateur d’un projet du Conseil Norvégien pour les Réfugiés, dont le but est de fournir des informations, des conseils et une aide juridique aux réfugiés, a reçu de nombreux témoignages similaires de rapatriés se trouvant dans une situation incertaine.

« Les gens ont commencé à revenir en septembre 2009, mais beaucoup d’entre eux ne sont pas encore retournés dans leur village d’origine à cause des conflits liés à la terre et la sécurité », a-t-il indiqué.

L’on a là un cliché du Proche-Orient avec les territoires occupés. Quand on sait que la guerre n’en finit pas dans cette partie du monde pour des raisons similaires, l’ on craint fort que le Kivu ne connaisse pas la paix. La solution consisterait à laisser les populations de deux pays se parler, dialoguer pour trouver des solutions à leurs problèmes. Car, elles seules sont capables de préciser d’où elles sont originaires si les politiciens ne s’en mêlent pas. A l’époque coloniale, les populations frontalières des deux côtés amènent leurs troupeaux brouter l’herbe, de part et d’autre, sans problème. Pourquoi il n’ en serait plus le cas maintenant . Certainement qu’il y a tendance subtile à vouloir étendre l’espace géographique dans le territoire voisin. Donc, l’expansionnisme.

DISTRIBUTION DES TERRES : LE GOUT DU LUCRE

La plupart des terres de la RDC sont allouées par les chefs coutumiers qui s’occupent de leur gestion en vertu de la loi coutumière. Par goût du lucre, ils vendent ces terres aux nouveaux riches.. Cette gestion place en porte-à-faux les personnes qui se sont vues attribuer des titres de propriétés officiels en vertu de la loi foncière de 1973 qui précise que toutes les terres appartiennent à l’État.

Dans le territoire de Masisi, vers lequel la plupart des réfugiés se rendent, jusqu’à 60 pour cent des terres sont réservées au pâturage, ce qui cause des tensions entre les éleveurs et les agriculteurs.

Les riches spéculateurs, qui ont acheté - ou se sont accaparés - des terres abandonnées par les personnes qui ont fui lors des guerres, ne font qu’aggraver la situation. Ils ont créé de grandes plantations - ignorant ainsi les anciens habitants. Les populations destituées de leurs terres, qui ont peu de chance de trouver un travail dans un pays à l’économie sinistrée, luttent pour leur survie.

Un Hunde, qui a souhaité garder l’anonymat par peur de représailles, a dit qu’il pourrait vivre avec des rapatriés tutsi à condition qu’ils déposent les armes. «C’est le principal problème. Ces personnes sont en permanence armées », a-t-il dit.

Selon ce reportage de IRIN, ce chef, qui s’appelle Sylvestre Bashali, est un Hunde. Il dit que vivre avec les Tutsi « demanderait un grand effort» aux Hunde et que les habitants de la ville ont peur de « la guerre et des affrontements » qui pourraient éclater au retour des réfugiés. « Les gens ont peur, car le CNDP a des armes», a dit M. Bashali.

Le CNDP a, quant à lui, dit que les inquiétudes générées par le retour des réfugiés étaient exagérées. Désiré Kamanzi, un ancien responsable du CNDP, reproche aux hommes politiques extrémistes d’attiser les conflits ethniques.

« Au fond, la population n’a pas peur », a dit M. Kamanzi. « Ce problème est politique. Les gens n’ont pas envie de faire une guerre pour des raisons absurdes ». Philippe Gafishi, le président du CNDP, a toutefois reconnu que les négociations portant sur les rapatriés et leur futur lieu de vie ne sont pas simples. « Seize ans après, les personnes qui vivent désormais sur les terres ne seront pas contentes de devoir les quitter et nous devons les y préparer. Mais nous pensons qu’ils sont prêts à accueillir leurs frères et amis ».

INTIMIDATIONS

Lors d’un récent séjour dans le territoire de Masisi, Camilla Olson, de Refugees International, a constaté que le CNDP exerçait un contrôle strict - chassant, dans certains cas, d’autres groupes ethniques en usant de tactiques d’intimidation.

« Certains des responsables traditionnels à qui nous avons parlé ont fui à Goma, car ils ne se sentent pas du tout en sécurité ou se sentent marginalisés », a dit Mme Olson. De plus, la question de la nationalité des réfugiés soulève des inquiétudes, des habitants de Masisi et d’autres territoires ayant émis l’hypothèse que nombre de réfugiés étaient en fait Rwandais.

Il revient au gouvernement congolais de vérifier leur identité. Toutefois, Félix Musanganya, membre du Comité national pour les Réfugiés mis en place par le gouvernement, pense que la responsabilité en revient au Rwanda. Il demande également à ce que le Rwanda fournisse le nombre total de réfugiés qui reviennent en RDC.

« Il est important que nous ayons des chiffres clairs, car si le nombre de réfugiés était supérieur aux chiffres officiels, cela susciterait des suspicions », a-t-il dit. « Les gens ne comprendront pas. Ils penseront qu’il s’agit de Rwandais ».

ONU-HABITAT, le programme des Nations Unies pour les établissements humains, pense que les équipes mobiles de médiation foncière offrent une solution en se concentrant sur les personnes déplacées et les réfugiés. Depuis septembre 2009, une équipe de six médiateurs s’est occupée de 450 affaires dans la seule province du Nord-Kivu - environ 20 pour cent d’entre elles ont été résolues. « Si nous arrivons à jouer un rôle proactif, alors nous pourrons préparer des retours réussis», a indiqué Mme Olson.

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